Johan LEPAGE

Doctorant contractuel au Laboratoire InterUniversitaire de Psychologie (EA 4145 / Université Grenoble-Alpes)

Intitulé de la thèse : "Rôle de l'autoritarisme et de la régulation émotionnelle dans la soumission à l'autorité"

Directeur : Laurent BÈGUE (MSH-Alpes - CNRS USR 3394)
Co-directeur : Michaël DAMBRUN (LAPSCO - CNRS UMR 6024)

Mon travail de thèse porte sur la relation entre autoritarisme, capacités d'auto-régulation émotionnelle et soumission à l'autorité. Un certain nombre d'études suggère que l'autoritarisme de droite serait un robuste prédicteur de l'obéissance dans le paradigme de Milgram (e.g., Blass, 1991 ; Milgram, 1974). Une récente étude IRMf (Cheetham et al., 2009) montre également que ce paradigme suscite des réactions émotionnelles aversives centrées sur soi (détresse personnelle), suggérant ainsi que l'obéissance dans ce contexte pourrait être (en partie) la conséquence d'un déficit d'auto-régulation émotionnelle face à la détresse de la victime. En nous appuyant entre autres sur de récents travaux en neurosciences sociales de l'empathie (e.g., Decety et al., 2004, 2009, 2012) et en neurosciences politiques (e.g., Jost et Amodio, 2012), nous avons fait l'hypothèse d'une relation étroite entre autoritarisme de droite et capacités d'auto-régulation émotionnelle, relation pouvant éclairer la contribution de l'autoritarisme de droite à l'obéissance destructrice.

Un grand nombre de travaux en neurosciences sociales de l'empathie a montré que le partage de la douleur peut susciter deux états affectifs-motivationnels antagonistes : (i) de la détresse personnelle associée à des comportements d'évitement relativement à la source de la douleur, ou (ii) de la sympathie associée au comportement d'aide (e.g., Decety, 2012). De faibles capacités dans les domaines du contrôle cognitif et de l'auto-régulation émotionnelle favoriseraient la détresse personnelle (e.g., Eisenberg et Eggum, 2009). L'hyper-excitation physiologique sous-tendant la détresse personnelle pourrait alors motiver les individus à minimiser l'intensité de la douleur exprimée par autrui, afin de diminuer leur propre inconfort subjectif (Goubert et al, 2005).

De manière intéressante, de récents travaux en neurosciences politiques suggèrent que l'orientation politique serait sous-tendue par des différences inter-individuelles dans le fonctionnement d'un mécanisme général relié au contrôle cognitif et à l'auto-régulation émotionnelle (e.g., Amodio, Jost, Master et Yee, 2007). Ainsi, un certain nombre d'études en psychophysiologie et en neurosciences suggère que le conservatisme et l'autoritarisme de droite seraient reliés à de moindre compétences dans le contrôle cognitif et l'auto-régulation émotionnelle (e.g., Jost et Amodio, 2012).

Nous avons fait l'hypothèse que de faibles capacités d'auto-régulation émotionnelle pourraient motiver les sujets à minimiser l'intensité de la douleur exprimée par la victime dans le paradigme de Milgram, et ainsi favoriser l'obéissance destructrice. Encore, l'effet de l'autoritarisme de droite sur l'obéissance destructrice devrait être médiatisé par de faibles capacités d'auto-régulation émotionnelle.

Pour tester ces hypothèses, nous avons ancré notre travail dans le cadre d'une approche psychoneuroendocrinienne. Les outils suivant ont été utilisés pour mesurer et manipuler les capacités d'auto-régulation émotionnelle : électrocardiogramme, électroencéphalogramme, fNIRS (functional near-infrared spectroscopy), inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine. Nous avons également opté pour l'utilisation de l'Immersive Video Milgram Obedience Experiment (Dambrun et Vatiné, 2010).

Nous nous sommes ainsi intéressés au rôle de la variabilité cardiaque, de l'oscillation des ondes thêta et alpha, des changements hémodynamiques au niveau du cortex orbitofrontal/ventromédian/dorsolatéral, du niveau de sérotonine. Ces éléments ont été mis en relation avec le niveau d'autoritarisme de droite et le comportement d'obéissance.

Mes compétences :
Empathie